Lunette de Tir Hawke Frontier

S’il est une marque d’optique qui fait couler autant de salive que d’encre, c’est bien HAWKE! On entend dire de tout à ce sujet: «C’est de la daube», «c’est honnête», «j’en ai une… dans ma poubelle»… Bref, les commentaires vont bon train. Alors, si on tirait ça au clair.

La Frontiere est Franchie

Il est vrai qu’il y’a quelques années la marque HAWKE s’est fait connaître en mettant sur le marché des lunettes de visée destinées aux petits calibres. Leurs prix attractifs (c’est le moins que l’on puisse dire) les ont fait acheter par de nombreux tireurs qui les ont montées sur à peu près tout ce qui tire sans vraiment tenir compte des limitations inhérentes à chaque modèle. Attention, il faut essayer de rester objectif et c’est ce que je vais tenter de faire en proposant aux lecteurs du TECMAGAZIN’ un essai pour le moins inhabituel de la dernière née de la marque: la FRONTIER.

Côté droite, côté gauche

Ayant pu tester plusieurs modèles sur plusieurs années, j’ai toujours pensé que les lunettes de la marque étaient des produits honnêtes pour leur pris mais auxquels il manquait un peu d’originalité. Ayant pu en discuter à de nombreuses reprises avec Daniel (celui de chez l’importateur bien sur), nous avons pu voir les gammes se structurer pour devenir plus spécialisées et proposer une qualité optique et mécanique adaptée au prix de vente.

Donc, lorsque la gamme FRONTIER est apparue sur le site du fabricant (http://www.hawkefrance.com/), j’ai pensé que le « petit quelque chose en plus » était enfin disponible. Nous avons donc convenu avec Daniel d’un essai sortant de l’ordinaire avant commercialisation de la gamme.

Les données techniques

Les différentes tourelles hautes

Le modèle que nous avons choisi pour ce test est du type « à tout faire » puisqu’il s’agit d’un grossissement variable de 4 à 16 fois. Esthétiquement cette lunette se distingue par sa compacité (360mm) et les proportions de ses diverses commandes. Les tourelles sont de type mixte, entre le Target et le tactique. Hautes de 24mm, elles sont protégées par des caches en alliage léger. Cela peut paraître bizarre mais ce choix est très bon puisqu’il permet de ne pas avoir à vérifier son réglage avant chaque tir suite à des manipulations aussi diverses qu’involontaires. Le tout étant de prendre la bonne habitude de revenir au zéro avant de replacer les capuchons de protection.

Piliers du mécanisme en bronze

C’est du coté de l’amplitude de réglage que se trouve la bonne surprise dans la mesure ou bien qu’étant organisée autour d’un tube de 1 pouce, la lunette comprend un mécanisme interne autorisant une plage de 78 minutes d’angle en réglage vertical et 68 en latéral. La marge est donc suffisamment importante pour envisager toutes les applications imaginables. Le mauvais coté des choses c’est qu’un tube de 1 pouce sera forcément moins solide qu’un autre de 30mm à épaisseur de parois identique. Donc, si vous envisagez d’escalader une falaise en prenant appui sur la HAWKE, vous partirez désavantagé par rapport à l’alpiniste voisin et prévoyant qui a une 30mm…

La lisibilité par le tireur est excellente

Plus sérieusement, les clics sont étalonnés en quart de minute, soit 7mm à 100m. Chaque tour de tourelle engendre une modification de 18 minutes d’angle. La remise à zéro après réglage est obtenue en dévissant les 3 petites vis Allen visibles autour du cache. Un petit mot concernant la tourelle de débattement latéral: elle est graduée en positif et négatif (droite et gauche) et donc sur la moitié de sa périphérie. C’est un choix qui se défend, mais d’autres fabricants livrent une seconde tourelle graduée « normalement » laissant la chose au bon vouloir de l’utilisateur.

On compare?

Eh oui! Il ne serait pas vraiment pertinent de tester cette lunette sans avoir de solides références. Alors autant faire dans le sérieux. Les concurrentes (qui se trouvent être ma propriétése sont imposées d’elles même. Il s’agit d’une LEUPOLD VXIII Long Range Target à grossissement variable de 8,5 à 25 fois avec objectif de 50mm, d’une BURRIS Fullfield II en 3-9 et objectif de 40mm et enfin d’une autre BURRIS modèle XTR de grossissement 3 à 12 fois et objectif de 50mm. Vous vous en doutez, ce choix n’est pas innocent. La première des trois est une référence en matière de tir longue distance, la seconde en chasse et la troisième se révèle tout simplement excellente en tir tactique puisqu’elle est conçue pour. Les deux optiques à objectif de 50mm comportent un tube de 30mm alors que celle en 1 pouce est en 40mm. Le point commun de nos quatre lunettes est la valeur du clic en ¼ de M.O.A.

Sur une SAVAGE 12

Expérimentons!

Et pour ce faire, il convient d’effectuer différents types de tests qui sont donc détaillés individuellement:

Ce que voit le tireur

- Les tests de manipulation

Dans ce cadre c’est la maniabilité et la lisibilité qui vont être observés, en intérieur comme à l’usage. Question lisibilité, il faut remarquer que toutes les inscriptions sont gravées et rehaussées de peinture de couleur dorée qui ressort bien sur le fond noir sans pour autant trop trancher.

Commençons donc par les clics. Ces derniers sont tout simplement excellents. Audibles et nets, parfaitement au niveau vis-à-vis de ses concurrentes. Et, quitte à choquer certains, le classement à ce niveau est le suivant:

Eh oui! Les mécanismes possédant des ressorts dans les deux axes, les résultats sont différents, et la Frontier se place d’emblée dans les hauts de gamme du peloton avec un 2° ex-aequo sur le premier test. N’oublions pas de mentionner que les tourelles de 24mm de hauteur sont protégées par des capuchons métalliques à visser.

L’échelle de comparaison. De gauche à droite HAWKE, LEUPOLD, BURRIS XTR et FFII

Toujours dans de cadre de la maniabilité, les autres commandes sont également essayées. La bague de variation du grossissement est très facilement préhensible et manœuvrable. Elle est suffisamment douce à manœuvrer et ne bouge pas lors du tir. Le gros quadrillage en pointe choisi par le fabricant facilite l’usage même avec des gants. Les capuchons sont également pratiques pour peu que l’on adhère à ce concept sur des tourelles target ou tactiques. La seule restriction concerne la molette latérale de réglage de la parallaxe dont les clics sont, eux, glissants et imprécis. Si l’idée est bonne et unique, elle demande une petite amélioration à ce niveau. Par contre, je n’ai rien trouvé à redire sur le réglage de focus (à l’arrière sur l’oculaire). On le met au point une bonne fois pour toute, et on n’y touche plus.

Les tests optiques

Et la 44 Magnum… Même pas mal!

A ce niveau là le test le plus impartial consiste à évaluer le niveau de définition. Dans ce but, il convient d’employer une mire spécifique qui, placée à une distance donnée, permet d’évaluer la capacité à discerner les détail de la lunette. Plusieurs fabricants d’optique proposent ce type de document à télécharger puis à imprimer. Une fois le document correctement placé à 50m, la comparaison peut être effectuée. Le classement (pour mon eoil droit) est le suivant:

1. BURRIS XTR
2. LEUPOLD VX III L.R.T
3. HAWKE Frontier
4. BURRIS Fullfield II

Mais la définition n’est pas tout. La résolution, le contraste, le piqué ainsi que le rendu des couleurs et, bien sur, la luminosité font qu’une optique est agréable à l’utilisation ou pas. Malheureusement ces autres facteurs sont dépendant du moment et de la perception de l’utilisateur. C’est donc après plusieurs tests cote à cote, dont un par nuit claire pour la luminosité, que le classement suivant a été établi:

C’est vrai, chacun en pensera ce qu’il voudra, mais certains aspects de ce classement peuvent sembler étonnant. Ceci tend à prouver deux points: que les choses évoluent même en optique, et que les fabricants proposent des produits à la fois ciblés et adaptés aux besoins de leurs utilisateurs.

Une autre boite en 222 Rem

Les tests de tir

Au vu de la plage de grossissement considérée, j’ai choisi de disposer une feuille de format A4 à 100m après l’avoir munie d’un point de repère (une pastille de tir pour être exact) dans le bas à gauche. Après réglage, un premier tir de trois cartouches est effectué dans la pastille. Une modification de 5 M.O.A est ensuite effectuée vers le haut avant un nouveau tir sur la pastille. Une autre de valeur identique est ensuite donnée vers la droite avant tir, puis vers le bas et enfin vers la gauche toujours avant tir. Outre le fait que ce test engendre un tir de 15 cartouches, il permet de juger de la bonne qualité du mécanisme interne qui a le devoir de permettre au tireur de matérialiser une figure parallélépipédique sur la cible avant de loger les trois dernières balles dans le groupement initial. Vous l’avez compris, il suffit ensuite de mesurer les cotés de la figure obtenue pour juger de l’exactitude du mécanisme et surtout de sa capacité à reprendre son zéro. De tous les précédents, cet essai me paraît le plus important dans la mesure ou il touche à un point important du tir: le degré de confiance à apporter à l’optique.

Le test de la boite en 22-250 Rem

C’est donc à de multiples reprises que ce test sera répété sur des armes de calibres courants qui ornent mon armoire à fusils. Le choix des dits calibres tient au fait qu’il s’agit de ceux habituellement vus sur les pas de tir ou à la chasse. Le détail est donc compilé dans le tableau suivant. Si aucun de ces calibres ne semble réellement méchant, il faut reconnaître que certains claquent plutôt sèchement dans leurs chargements usuels.

Et une petite dernière en 7×64

Les essais divers

C’est marqué sur l’objectif!

Si certains des lecteurs de cet essai sont allés jeter un œil sur le site du fabricant, ils auront pu remarquer la photographie montrant une lunette dégoulinante d’eau… Et pourtant aucune donnée quant à l’étanchéité des modèles n’est communiquée. Et, la photo, vous ne trouvez pas qu’elle fait un peu « studio » avec ces belles gouttes bien disposées ? Qu’à cela ne tienne, il pleut pas mal ces temps-ci dans mon jardin (et autour aussi). Le test consistera donc à laisser négligemment traîner cette optique d’essai dehors durant une petite averse d’à peine trois heures ! Eh bien quoi ? Il ne vous est jamais arrivé de prendre la pluie à la chasse ? Bien entendu un nouvel essai de tir est ensuite réalisé, permettant de démontrer que la HAWKE Frontier est étanche aux projections d’eau. Aucun masque ni moisissure n’étant apparu à l’intérieur. De plus la boite réalisée permet de constater que le mécanisme interne n’a pas souffert de cette exposition aux intempéries.

Pour finir

Après la pluie

Quoi dire pour terminer à part que, si j’avais eu une carabine à mettre dessous je me serai bien laissé tenter. C’est une bien belle lunette de tir et de varmint que nous propose là la marque HAWKE. Ceci dit, les personnes à qui je l’ai montrée (et moi-même il est vrai, mais il faut toujours s’entourer pour dire du mal) ne lui reprochent que son prix qui surprend les habitués de HAWKE, mais c’est également le haut de gamme de la marque… La balle est donc dans le camp de l’importateur.