Schmidt-Rubin modèle 1889 – Fusil à Répétition de l’Armée Suisse

juil 13, 2009 10 Commentaires par militaria_fan

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Cette arme issue des études de deux ténors de l’armurerie helvétique, va s’avérer être la plus moderne de son époque. Ce fusil a 12 coups à chargement ultra-rapide, laisse en à peine quatre ans notre Lebel très en arrière, le reléguant presque dans la catégorie des antiquités.

schmidt_rubin_im3Le modèle suisse 1881 d’infanterie sonne la fin de la grande famille des 10,4 mm Vetterli. Il sera bien évidemment remplacé par une nouvelle arme. Très différente, et d’un très grand modernisme. Le premier des Schmidt-Rubin car c’est bien de lui dont il s’agit, il n’aura pas fini d’étonner le monde lorsqu’il pointera le but de son nez. Vingt ans d’un travail acharné vont être nécessaires pour y parvenir.

Je ne cache pas avoir un petit faible pour l’armement suisse, qui par son fini, l’ingéniosité des mécanismes, a toujours été pour moi un véritable enchantement. Le beau, la précision, frisant constamment la perfection, et ceci dans tous les domaines, ont participé à travers le monde à faire la renommée de cette petite nation.

A la fin de la guerre de 1870-1871, dans tous les pays, on, recherche une possibilité de diminuer le calibre des fusils. De très nombreux ingénieurs en armement planchent sur ce projet.

En Suisse, le directeur de la cartoucherie fédérale de Thoune, le major Rubin met au point une arme d’infanterie en calibre 9mm. Ce fusil tire une cartouche révolutionnaire pour l’époque. La balle à noyau de plomb est chemisée en cuivre pour éviter l’emplombage du canon. Cette chemise en métal évite le calepinage papier des ogives.

Les essais du fusil ont lieu à la fin du printemps 1881 avec un succès prometteur. Encouragé par ce nouveau projectile, Rubin, chercheur impénitent, continue ses travaux sur des armes en calibre plus petit (8mm et 7,5 mm). Mais tout est très vite freiné, par la poudre noire qui encrasse l’intérieur des canons, d’une manière catastrophique. Les premiers coups tirés sont excellents, hélas très rapidement au fur et à mesure, les groupements en cible s’écartent, dérivent, deviennent aberrants.

schmidt_rubin_im3aNotre chercheur est pourtant certain d’avoir trouvé, il est persuadé qu’avec une » charge propulsive, autre que la poudre noire, les fusils en petit calibre s’avèrent être un véritable pas en avant pour l’armement léger.

Il fait appel au professeur Schönbein à Bâle, inventeur du fulmicoton, très vite il comprend que cette idée n’est pas la bonne. Le fulmicoton n’est pas stable, sa combustion n’est pas régulière, beaucoup de tireurs actuels ayant lu un peu le savent. Cette matière diabolique est la mort des canons à brêve échéance, sans compter les accidents provoqués par le côté terriblement brisant de ce funeste explosif.

Pendant ce temps, de très nombreux scientifiques à travers l’Europe, courent après ce qu’ils pensent être la panacée, mais hélas les résultats ne sont pas satisfaisants, ils se soldent par des explosions spontanées, par une impossibilité évidente de charger des cartouches avec de tels produits, sous peine de grave dommage pour les hommes et pour le matériel.

En France, un ingénieur de haut-rang

L’ingénieur général Paul Vieille (1854-1934), professeur de physique à l’école polytechnique de 1882 à 1916. Auteur de plusieurs livres sur la combustion des matières explosives. Il se penchera aussi sur les différentes sortes de pressions, plus ou moins anarchiques dans le domaine du tir. Il va travailler activement avec Marcelin Berthelot (1837-1907). Ce grand chimiste poursuivait entre autres à cette époque, des recherches sur la thermochimie. A eux deux, ils vont mettre au point les premières bombes calorimétriques. Mais un problème hante Vielle, il sait que tant qu’il ne l’aura pas résolu, rien ne sera possible. A force de travail acharné, il va parvenir à ses fins, en trouvant enfin la possibilité de stabiliser la poudre. De là, tout devient possible.

On attribua à Paul Vielle la création de la poudre dite « B » en 1884.

schmidt_rubin_im7Mais retournons en Suisse

L’armée a toujours le fusil Vetterli, modèle 1881 en 10,4 mm, avec son magasin tubulaire et sa cartouche chargée à la poudre noire.
Le major Rubin continue ses recherches sur les armes de petit calibre, ses études le conduisent après de nombreux calculs, à revoir de très près l’accentuation du nombre de rayures ainsi que l’accentuation de leurs pas, pour obtenir une stabilité maximum de ces nouveaux projectiles, qui s’avérèrent se comporter au tir d’une manière très différente des anciens calibres en 10,4 mm Vetterli, d’un diamètre supérieur.

Un nouveau système à répétition modifié

Une sous-commission s’occupe de ce problème. Rien n’a encore été trouvé. Rubin voudrait un autre mode de chargement plus rapide que celui du Vetterli à magasin tubulaire. Il sait très bien que ce système est dépassé. La marine américaine est dotée d’un fusil à magasin vertical, placé sous la culasse mobile. Cette arme est l’œuvre de James P. Lee en 1879. Ce magasin est très rapidement copié par l’Autriche en 1885 pour moderniser l’armement léger de cette nation.

C’est Mannlicher qui est l’auteur de ce plagiat, en lui apportant cependant une légère modification. La Suisse, elle aussi, n’est pas en reste, elle va suivre le mouvement, avec un magasin à forte capacité (12 cartouches). Ayant l’habitude, depuis l’apparition du premier Vetterli à magasin tubulaire, de 12 cartouches, il n’était pas question de restreindre la capacité de ce futur nouveau fusil.

schmidt_rubin_im2Ce magasin est solidaire de l’arme. Il ne peut être retiré pour le rechargement. Il est placé sous la moitié avant de la culasse. Sa forme est celle d’une boîte rectangulaire de 85 mm de long sur 55 mm de haut et 20 mm de large (voir photo). La particularité de ce dernier est qu’il est débrayable, par une pression du pouce sur une sorte de petit verrou placé à cet effet sous le haut du côté droit dudit magasin. La manœuvre consiste à faire descendre ce boîtier d’environ 5 à 6 mm pour le neutraliser, et garder en réserve la totalité de son contenu. Le fusil est alors en position du coup par coup, à alimentation manuelle. Pour tirer les cartouches du magasin, il n’y a plus qu’à faire l’opération inverse sur le petit verrou (très visible sur la photo) et rendre de nouveau le tir de cette arme à répétition. Pour garnir le magasin, il suffit de prendre un chargeur de six cartouches et l’introduire dans le boîtier de culasse, puis appuyer avec le pouce sur les cartouches. Répéter deux fois la manœuvre, et en quelques secondes le boîtier est plein (voir photo).

Je passerai sur les nombreux fusils qui furent testés par les différentes commissions helvétiques, et n’en garderai que les deux principaux. Il s’agit du Schmidt-Rubin et du fusil de la société industrielle suisse de Neuhausen (S.I.G.). L’un comme l’autre ils sont munis de culasses rectilignes très légèrement différents.

Je voudrais ouvrir une petite parenthèse sur l’appellation du Schmidt-Rubin, pour désigner ce fusil.

En 1885, le colonel Rudolf Schmidt proposait une culasse à cylindre à verrou, à mouvement rectiligne, à fermeture hélicoïdale. L’Etat fédéral est très intéressé, et lui garantit ses droits par brevet et par acte, le 2 février 1886. Cette nouvelle culasse équipera le modèle 1889. Le Major Rubin, par tous ses travaux sur la réduction des calibres, par l’adaptation des pas, des nouveaux rayurages, pour le tir des projectiles chemisés, calepinés. L’Etat jugera bon d’associer les noms de ces deux infatigables chercheurs, pour nommer ce qui sera bientôt ce fameux fusil, le modèle 1889.

Je pense personnellement que ces deux grands de l’armureries suisse réunit en un seul a été pour eux le plus bel hommage que leur pays pouvait leur rendre.

Pour les Suisses, la partie est gagnée

schmidt_rubin_im4En 1887, deux Suisses, Mr Schenker, contrôleur en chef de la cartoucherie de Thoune, et un chimiste Mr Amsler fils, trouvent la composition d’une poudre à base de nitro-cellulose, qui a pour dénomination « PC88 ».
Les essais de cette nouvelle substance propulsive s’avèrent très bons, pour l’armement léger. Fini les complications de la poudre noire.
Cette nouvelle poudre va s’avérer être une des meilleures du moments. Deux ans après cette découverte la Suisse aura la cartouche la plus performante de son époque.

Les derniers essais des deux derniers lauréats

En juin 1889, les deux fusils sont mis en compétition (environ une centaine de chaque). L’armée va les tirer. Après de longues délibérations, le fusil Schmidt-Rubin est retenu, et entre dans l’histoire à l’unanimité, le 24 juin 1889. Il est l’arme de guerre la plus moderne sur le marché international.

Protégé par brevets, lui et tous ses descendants du même système. La grande famille des fusils Schmidt-Rubin va rester en service dans l’armée suisse pendant plus de six décennies (1889-1957). Le dernier des Rubin sera le K31 en calibre 308 Winchester, ou 308 NATO (munition de l’OTAN), une bien longue carrière pour une arme de guerre!

Actuellement dans les stands de tir, les K31 en 308 sont des bêtes à points, même à longue distance, ces fusils sont absolument diaboliques. En très bon état, en première catégorie, c’est à dire dans leur calibre d’origine, ils sont les meilleurs sur les pas de tir, dans la catégorie armes de guerre.

Fiche technique du Schmidt-Rubin 1889
Désignation : fusil
Nationalité : suisse
Marque : fabrique fédérale d’armes de Berne
Modèle : 1889
Système : à verrou et à répétition
Calibre du specimen étudié : 7,5 mm
Capacité : 12 coups
Diamètre réel de l’alésage à la bouche : 7,54 mm env.
Type d’alésage : rayé – nombre de rayures : 3 – Profondeur des rayures : 0,1 mm
Système de mise à feu : à percussion centrale
Type de mécanisme : système Schmidt-Rubin ; culasse à verrou à mouvement hélicoïdal
Longueur totale : 1302 mm
Longueur du canon : 780 mm
Montage du canon : vissé à l’arrière et tenu par une grenadière et un embouchoir en fer
Hausse : circulaire à cadran sur queue d’aronde graduée de 300 à 2000 m,
le cran de mire est en « V »
Guidon : à lame à déplacement transversal, porte-guidon fixe
Porte-baïonnette : le tenon est sous l’embouchoir
Baïonnette : poignard à lame à 1 tranchant
Type de crosse : à fût long
Poignée : droite
Bois de la crosse : noyer
Matériau de la plaque de couche : fer
Fixation de la plaque de couche : deux vis
Poids à vide ; 4,900 kg
Date de production : 1889/90 – numérotation 1 à 212000 – message des chambres fédérales du 19 juin 1889 ; les chambres adoptent le fusil le 24 juin 1889
Finition : toute l’arme est bronzée noir de guerre, à l’exception de la culasse mobile qui elle est polie blanc

La fabrication des 1889

La Suisse a toujours été un pays pratique. Pour la mise en œuvre de ce fusil, deux solutions s’offraient : la première qui semblait normale était la fabrication par l’intermédiaire de la manufacture fédérale d’armement. La deuxième solution était, comme dans certains pays, de faire exécuter les pièces dans de nombreux ateliers privés. Pour des raisons économique la deuxième solution va être retenue. L’affaire est astucieuse, une fois les fusil construits, l’Etat n’aura pas sur les bras des machines-outils fort onéreuses devenues complètement inutiles.

L’opération fut rondement menée et tout alla pour le mieux, à part un retard dans les délais de fabrication. Dans ce programme, la manufacture générale n’eut que deux taches à accomplir : la vérification des pièces fabriquées à l’extérieur, et le montage des armes. Grâce au cahier des charges draconien, qui a été suivi à la lettre, ces fusils sont superbement construits, la finition est remarquable, et toutes les pièces qui les constituent sont interchangeables sans exception aucune. J’ai eu personnellement des 1889 état neuf entre les mains, ainsi que le spécimen qui fait l’objet de cet article. A chaque fois j’ai ressenti la même émotion devant le fini de ces fusils, avec une pensée pour ces ouvriers qui ont donné le maximum d’eux-mêmes pour arriver à untel résultat. Je suis certain que beaucoup d’entre vous, amoureux des belles armes, ont éprouvé le même sentiment que moi, devant ces 1889.

La dotation du nouveau fusil

« Vite et bien n’est pas compatible » : ce très vieux proverbe est bien connu de tous. Le cahier des charges liant l’Etat aux sous-traitants était très dur, certains ateliers au début eurent dans leur fabrication des problèmes techniques. La mise au point des machines-outils pour arriver à cette perfection dont je vous ai parlée plus haut demanda plus de temps que prévu, et un certain retard fit reculer l’échéance conclue entre les parties. Ce retard eut pour effet la dotation un peu tardive de ce fusil. Ce n’est qu’en 1891 que les premières armes furent réellement distribuées dans les différents corps de l’armée avec leurs munitions

La munition du 1889

schmidt_rubin_im8Cette cartouche va s’avérer très vite comme la meilleure de son temps. Elle est fabriquée à la manufacture fédérale de munitions de Thoune. Possédant quelques unes de ces cartouches d’origine, j’ai pu relever leurs côtes : le calibre de ce fusil est donné pour 7,5 mais en réalité il est légèrement supérieur.

Après avoir démonté l’une d’entre elles voilà ce qui est apparu : la douille au collet 8,80 mm, la douille au culot 12,5 mm, longueur de la douille à gorge : 53,5 mm, la balle est en plomb chemisée d’acier de forme cylindro-hémisphérique, avec calepin papier sur environ les trois quarts du projectile, diamètre du projectile avec calepin : 8,10 mm, diamètre du projectile sans le calepin : 7,80 mm, poids du projectile : 13,18 gr.

-La charge de poudre est de 2 gr de PC88, l’amorçage est Berdan.
-Longueur totale de la cartouche : 77,5 mm.

Aujourd’hui dans les stands de tir

Les Schmidt-Rubin que l’on rencontre le plus (je parle d’arme en calibre d’origine), sont presque tous des K31 en 308 Winchester. La cartouche en 7,5 suisse est quasiment introuvable en France, de plus le rechargement de la 308 est très simple comparativement à la 7,5 suisse.

Personnellement j’ai tiré beaucoup avec des K31 en 308, obtenant des résultat formidables, dépassant de très

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10 Réponses to “Schmidt-Rubin modèle 1889 – Fusil à Répétition de l’Armée Suisse”

  1. Seb dit:

    Est-il possible de tirer de la GP 11 (cartouche 7,5mm du fass 57/ K 31) avec ce fusil ou y a-t-il un risque que la culasse explose?

    • Furter Claude dit:

      Pas de GP11 dans UN Schmidt-Rubin 1889= DANGER

    • fa dit:

      Bonjour,

      N’utilisez pas non plus de la munition original. Les propriétés de la poudre ont évoluée avec le temps et ne correspond plus aux normes de sécurité. Elle semble être devenue trop puissante.

  2. Nina_Tool dit:

    tres intiresno, merci

  3. René dit:

    Bonjour,

    Je viens d’acquérir le Scmidt-Rubin K 31. L’armurier, en avait dégoté six FLAMBANTS NEUFS.

    Le mien, porte le n° 875073. Est-il possible d’encore trouver ce type de fusil entièrement neuf ?

    J’espère que je ne me suis pas fait arnaquer.

    Merci d’une réponse et salutations de Belgique.

    • Furter Claude dit:

      En Suisse on en trouve très facilement des tirs de concours se font encore très régulièrement. Ces fusil sont encore régulièrement utilisé en concours. (équipé de dioptre et guidon cela devient une vrai bête de compétition) (équipé d’une lunette et de bipied cela deviens un fusil de sneeper =1pièce de 5.-CHF à 300M)

      Salutations.

  4. desemberg dit:

    tout a fait la suisse est réputée pour la finition et propreté de ses armes de plus de nombreuses armes ont été stokées et non utilisée et sont vendues par l’armée plus ou moins régulièrement j’en possède un superbe comme le votre je suppose et j’ajouterais que c’est rapport qualité prix l’imbattable au monde

    Thierry

  5. simon roblet (j'ai 7ans et1/2) dit:

    Bonjour, Messieu:je voudrai savoir 2 chosse apropo du AK_ 47 et du fussil a cannon sié 1er chosse sur AK _47:pourquoi est _ il si connu dans le monde, moi par exemple je joue a des jeux de guerre et dessus il y a le AK_47 .deviner de quelle quatergori je joue:3an et + ;7an et+;13an et+; ou bien 18 an et + réponse :
    vers les 18 ans et 13 ans. Et sur quoi je joue? une console: la “DS i” . Fusil à canon scié:
    Pourquoi un bout de canon si court , peut-être parce que c’est un fusil à canon scié .
    Merci de me donner ces renseignements .
    Simon

  6. Danny L dit:

    J’ai en ma possession une Schmidt-Rubin 1889 portant le # de série 38478, es-ce que la carabine de calibre 30-30 WSM a une certaine valeur ?! merci de me répondre

  7. Stéphane B dit:

    J’au une carabine Schmidt-Rubin 1889 et il me manque des pièces. J’aimerais savoir ou je pourrait trouvé des pièces pour la réparé ?

    Merci de votroe collaboration