Rechargement et Essai du 11mm73

avr 06, 2011 78 Commentaires par picantin60@yahoo.fr

Je suis depuis mon plus jeune âge,  passionné par l’armement français et plus particulièrement par les armes réglementaires de la fin du 19ème siècle. En effet, cette période de transition technologique est certainement la plus riche en inventions et brevets, nos armes modernes sont directement issues de cette période glorieuse où le génie armurier s’exprimait au grand jour.

Une arme en particulier a toujours suscité un vif intérêt à mes yeux, le revolver militaire modèle 1873, avec sa munition si particulière. Le rechargement du 11mm modèle 1873 est un véritable serpent de mer, de nombreux ouvrages ou articles ont ces vingt dernières années présenté des solutions ou des protocoles relativement précis mais parfois contradictoires. Néanmoins les résultats en cibles présentés sont généralement à la hauteur des munitions modernes de gros calibres.

Il est assez distrayant d’évoquer le rechargement de cette munition sur un pas de tir, dans le cadre d’un concours TAR ou simplement avec des passionnés. Après quelques minutes et l’exposé des généralités, chaque rechargeur exposera sa méthode, son protocole qui seront bien évidemment meilleurs que ceux des voisins, bref une histoire sans fin. Je n’ai pas la prétention d’exposer ici la méthode universelle de rechargement de ce calibre au combien attachant, mais d’exposer un compromis permettant d’associer de bonnes performances balistiques et une grande facilité de rechargement.

Deux exemplaires réglementaires modèle 1873, entourés des différents matériels destinés au rechargement de la munition de 11mm73 A noter le paquet de cartouches d’origine.

La munition de 11mm73 ou encore 11x17R, est la première munition à étui métallique et à percussion centrale adoptée par l’Armée de Terre Française. Elle est mise en service trois ans après l’adoption par la Marine de la cartouche 11mm70 destinée au revolver modèle 1870. La longueur initiale de l’étui est de 17,15mm. La charge initiale de poudre noire fine de 0,65gr, propulse la balle de 11,6gr à 130 mètres par seconde. Les performances de cette munition jugées « modestes » en rapport avec les munitions réglementaires d’autres pays (455 Webley, 45 Long Colt, …) entraîne en 1890 des modifications permettant d’augmenter légèrement les performances.  L’étui est renforcé, la charge légèrement accrue et la balle pèse désormais 10,6 gr. Cette nouvelle cartouche permet d’atteindre les 190 mètres par seconde. Toute une gamme de munitions est déclinée, avec des munitions à blanc, à balle bois, à balle friable.

La cartouche modifiée 1890 est plus puissante que le modèle précédent, elle possède un étui plus résistant en laiton étiré par emboutissage

Les côtes moyennes relevées sur des munitions du premier type sont les suivantes : diamètre du projectile 11,52 mm, diamètre de l’étui au collet 11,54 mm et à la base 11,80 mm , diamètre du culot 12,54 mm. L’étui est long de 17,15 mm et la cartouche assemblée de 28,9 mm. L’étui cylindrique à bourrelet de premier type est en laiton, renforcé à sa base par une rondelle de carton dans lequel est enchâssé un petit tube, celui-ci reçoit l’amorce. La cartouche modifiée 1890 est plus puissante que le modèle précédent, elle possède un étui plus résistant en laiton étiré par emboutissage. Cet étui reçoit une amorce de type Berdan avec vernis d’étanchéité.

Panorama des munitions, de gauche à droite : 11mm73 premier modèle, puis modèle 1890. Cartouche Paris Sport, 11mm73 système GALAND, munition SPALEK, H&C Collection, Cartouche sur base d’étui de 44 magnum Modifié, douille de 44 Magnum et 44/40 Winchester.

Les deux revolvers utilisant cette munition sont principalement les armes d’ordonnance modèle 1873 et 1874 de type Chamelot Delvigne. Ces armes magnifiques sont de surcroît mécaniquement très fiables. A l’époque où beaucoup d’armes de poings sont encore en simple action, nos Manufactures Nationales ont produit une arme à simple et double action. Autre tour de force, chaque arme est entièrement démontable, un simple tournevis suffisant à démonter la plaque de recouvrement. A noter que l ‘extrémité de l’axe de barillet est usinée afin de pouvoir remplacer ce tournevis, en ordre de marche l’arme est donc démontable indépendamment de tout outillage extérieur. Les modèles 1873 seront produits de 1874 à 1885, à environ 338.000 exemplaires. Les modèles 1874, destinés aux officiers, sont bronzés et cannelés au niveau du barillet. Ils seront produits de 1875 à 1886 à 35.000 exemplaires. Le parcours de ces revolvers est exemplaire, ils participeront aux différentes étapes de la colonisation asiatique et africaine, resteront en service durant la première guerre pour palier au manque d’armes de poings. Durant la seconde guerre, ils seront  encore utilisés par certaines  troupes de seconde ligne, certains seront même rechambrés pour utiliser la munition de 45 ACP. On verra des 1873 jusqu’aux évènements d’ Algérie, où certains personnels l’auront encore en dotation, comme un de mes amis alors affecté dans un mess …

La conception de revolver de type CHAMELOT DELVIGNE est aussi simple que fiable. La plaque de recouvrement ôtée, le mécanisme est disponible pour nettoyage ou démontage. Seul un tournevis est nécessaire à cette opération.

De nombreux revolvers militaires ont été vendus aux civils dès les années 1890, via les catalogues d’armuriers tel La manufacture d’Armes et Cycles de Saint Etienne. Certains étant de « pur » surplus, d’autres ayant été assemblés avec des pièces disponibles en Manufactures. Des revolvers civils vont aussi être chambrés pour cette munition, citons les Fagnus Maquaire et certains revolver Belges de type Bulldog ou RIC.

Il va sans dire que cette munition est de nos jours obsolète, tant par sa mise en œuvre et sa conception, que par l’énergie qu’elle développe. De nombreux écrits ces dernières années ont systématiquement décriés et critiqués en tout point cette munition, ainsi que celles qui seront adoptées ultérieurement, comme la 8mm92 et le 7,65 Long. Je ne vois pas l’intérêt et la pertinence de juger a posteriori de l’adoption d’une munition, l’histoire ne se réécrit pas et nous devons traiter cette dernière comme un héritage culturel et armurier. Il est vrai que de nombreuses questions peuvent se poser sur l’adoption des calibres d’armes de poing en France, nous nous sommes toujours détachés de nos voisins en adoptant des couples de calibres identiques entre les armes longues et les armes de poings, 11mm73 et 11mm Gras, 8mm92 et 8mm Lebel, 7,65 Long et 7,5 Mas… Cette tradition sera abandonnée avec l’adoption du PA Modèle 1950 et son calibre de 9mm Parabellum.

La munition de 11mm73 a la spécificité d’avoir un projectile dont le diamètre est identique au corps de la douille

Nous utilisons aujourd’hui ces munitions dans le cadre de notre activité sportive et pacifique, il convient donc d’aborder le potentiel réel nous intéressant, la précision du couple arme et munition. Disons le immédiatement, pour tordre le cou à toutes les idées reçues, que les trois munitions réglementaires évoquées ci-dessus sont à la fois précises et fiables, même à longue distance.

Outre sa faible vitesse, notre munition de 11mm73 présente une particularité singulière qui pose de réels problèmes aux rechargeurs. Sur ce point, il faut convenir que la mise au point de la cartouche a singulièrement manqué de bon sens ! En effet, à l’instar d’une cartouche de 22 Long Rifle, la munition de 11mm73 a la spécificité d’avoir un projectile dont le diamètre est identique au corps de la douille. Autant dire que tout sertissage du projectile au sens moderne du terme est impossible.

Le système GALAND proposé à la fin du 19ème siècle une solution original. Afin d’assurer une bonne rétention du projectile, ce dernier était fileté et si vissé directement dans la douille. La pince permettait toute les opération de chargement, le moule présente un profil pour le moins inhabituel.

Fort de tous ces « défauts » cette munition est attachante puisqu’elle nécessite une réelle recherche de protocoles. C’est cette particularité singulière qui permet à chaque tireur ou presque d’apporter sa pierre à l’ édifice !

Deux écoles existent. La munition d’origine étant chargée à poudre noire, certains tireurs souhaitent respecter ce chargement et se cantonnent dans la duplication des premières munitions. D’autres tireurs, adoptent des poudres modernes pour faire revivre leurs armes.

Deux projectiles disponibles dans le commerce, à gauche le projectile H&C, à droite BALLEUROPE. Notez le rétreint inférieur permettant de siéger progressivement la balle.

En premier lieu, beaucoup de tireurs évoquent une réglementation qui classerait en 8ème catégorie les munitions chargées à poudre noire et en 1ère celles chargées à poudre sans fumée. Personnellement malgré mes demandes, je n’ai jamais eu de confirmation de quelques autorités que ce soit…. A l’inverse, une 9mm Parabellum chargée à poudre noire est elle classée en 8ème catégorie ? évidemment non.

L’utilisation de la poudre noire présente un avantage manifeste, outre le respect du chargement historique, la nature de cette poudre corrige le défaut de sertissage des projectiles. Rappelons en premier lieu que la poudre noire est explosive, alors que la poudre sans fumée est inflammable. Notre cartouche est problématique au sertissage, la rétention du projectile posant problème. Le recours à la poudre noire va en partie pallier à ce problème, puisque l’inflammation et la montée en pression se feront beaucoup plus rapidement que la PSF.  Cette dernière nécessite une inflammation plus longue , devant être associée à une rétention suffisante du projectile pour que les gaz développent un maximum de pression dans l’étui.

Mes 1873 ont plusieurs milliers de coups à leur actif sans aucun incident et signe d’usure

L’utilisation de la poudre sans fumée simplifie à la fois les opérations de rechargement et le nettoyage a posteriori. Il convient cependant de respecter scrupuleusement les données de chargement indiquées dans des manuels sérieux et d’éviter certaines poudres. Rappelons que cette arme de grande qualité est prévue initialement pour le tir de poudre noire et que les aciers n’ont pas les mêmes caractéristiques que nos matériaux actuels. Je rassure quand même les tireurs « modernes », mes 1873 ont plusieurs milliers de coups à leur actif sans aucun incident et signe d’usure, il convient de rester modeste dans les charges et de mettre en place des mesures strictes de contrôle afin d’éviter toute surcharge. Personnellement  mon objectif a été de mettre au point la munition la plus précise avec la charge de poudre sans fumée la moins importante, afin de préserver la mécanique de ces armes.

Le choix de la douille constitue un des éléments essentiels de la fiabilité du rechargement. En effet sa qualité mais surtout son adéquation avec le projectile utilisé sont capitales. Plusieurs types de douilles ont successivement été mises sur le marché ces trente dernières années :

L’une des plus emblématique est le couple douille munition de Paris Sport qui a, de nombreuses années, mis à son catalogue une douille en laiton tournée très épaisse (voir tableau récapitulatif des composants) avec un projectile spécifiquement élaboré pour cette dernière. Je n’ai jamais personnellement testé cette cartouche, n’ayant que six de ces munitions dans ma collection. Une des particularités singulières de cette réalisation, l’amorce est de type small pistol, ce qui est déroutant vu le calibre…

D’autres douilles sont commercialisées par le HUSSARD ou SPALEK, elles respectent les côtes originelles. Ces douilles sont relativement fines et conviennent particulièrement au rechargement à  poudre noire.

La transformation est relativement simple, mais nécessite un minimum de matériel et de savoir faire

La société HC-Collection propose également des douilles, elles reproduisent également les profils et côtes réglementaires avec une extrême régularité et une grande qualité de réalisation. Elles sont de surcroît associées à un projectile propre à leur dimension et élasticité, mais peuvent recevoir les principales balles destinées à ce calibre, manufacturées ou coulées.  Ces douilles sont à mon sens les plus pertinentes du marché.

Une autre méthode, consiste à modifier des étuis du commerce en 44/40 winchester ou en 44 Magnum. Le premier avantage est le classement en 5ème catégorie de ces deux douilles, pouvant dès lors être acquises sans procédure contraignante. La transformation est relativement simple, mais nécessite un minimum de matériel et de savoir faire. Ces deux douilles doivent dans un premier temps être raccourcies au case trimmer à la longueur réglementaire de la munition de 11mm73. L’autre étape nécessite un tour d’atelier, bien que d’autres solutions plus anecdotiques soient possibles. L’outil de coupe va devoir diminuer par l’intérieur l’épaisseur du bourrelet à 1,08mm. Ces deux étapes sont relativement simples et permettent d’obtenir une douille quasiment inusable et dont l’épaisseur permet de siéger correctement le projectile.

L’outil manuel LYNX HR a été l’un des premiers outils disponible. C’est le plus économique, il est disponible auprès du HUSSARD

Dans le cadre de cet essai, les tests ont été réalisés avec des douilles et composants H&C ainsi que des étuis de 44 magnum raccourcis.

Le choix des projectiles dans le commerce est relativement faible. Disons qu’en termes de qualité et de fiabilité d’approvisionnement, le choix se limite à deux fabricants :

-La firme BALLEUROPE produit depuis de nombreuses années des projectiles destinés au 11mm73. D’un diamètre de 11,52mm pour 12,96gr, ils comportent à leur base un retreint progressif permettant de siéger en force l’ogive dans la douille et surtout d’évaser légèrement cette dernière. Lorsque la douille sera partiellement recalibrée, l’élasticité du métal maintiendra en place le projectile. Notons que depuis quelques années la qualité de production de cette marque s’est considérablement améliorée, les productions actuelles étant régulières et parfaitement exploitables.

-H&C Collection propose un projectile semi ogival de même diamètre mais d’un poids identique à la balle originel M90 de 11,45gr. D’une excellente finition et structure, elle possède une base à retreints plus importante et permet un siégeage efficace des balles dans toutes les douilles du marché, exception faite des douilles ayant une base de 44 magnum. La gorge supérieure assure notamment plus de facilité pour refermer la douille après les opérations de positionnement du projectile.

-Pour les tireurs coulant leurs projectiles, peu de moules sont disponibles neufs sur le marché. Toutefois, au grès des annonces, sont régulièrement vendus des moules de la société LYNX, produisant un projectile pointu de 11,45gr. La structure du rétreint est moins pertinente que sur les deux balles précédentes, mais permet un siégeage correct sur les douilles relativement fines.

Le barillet déposé illustre les douilles utilisées dans le test, douilles de 44 magnum et H&C. Les tolérances peuvent légèrement varier entre plusieurs armes, il est au préalable intéressant de déterminer l’épaisseur maximum du bourrelet.

Récemment la firme LEE Précision, a développé un jeu complet à moins de 50 euros

L’offre en outils de rechargement s’est considérablement accrue ces dernières années, offrant aux tireurs un choix important et surtout une plus grande amplitude tarifaire. Le 11mm73 peut indifféremment se recharger avec des outils classiques utilisés sur une presse, soit avec des outils manuels. Historiquement seul RCBS proposait des outils de bonne qualité, fiables mais relativement coûteux puisque classés dans la catégorie custom.  Avec un budget de 200 euros beaucoup de tireurs étaient dissuadés de recharger. Puis des outils plus économiques sont apparus, avec les outils Lynx diffusés il y a une vingtaine d’années par le Hussard, puis par la firme américaine très dynamique CH4D. Le budget restait cependant élevé avec des tarifs oscillants entre  100 et 170 euros. Récemment la firme LEE Précision, a développé un jeu complet à moins de 50 euros ! De présentation classique, ce jeu d’outils apporte toutes les qualités recherchées même  si quelques spécificités sont à prendre en compte. En effet, je pense que ce kit a été élaboré à partir d’outils existants sans réellement prendre en compte tous les paramètres de la munition. Le shell holder  fourni avec les outils est un peu trop large et profond pour la plupart des douilles présentes sur le marché, néanmoins le peu de force nécessaire au recalibrage assure un bon fonctionnement. L’expandeur ne présente pas de pertinence particulière mais est également présent dans le kit. C’est pourtant ce fabriquant que j’ai retenu, pour l’aspect économique premièrement, mais surtout pour la flexibilité d’emploi et sa grande polyvalence. Les côtes du recalibreur sont particulièrement serrées et permettent avec un réglage ad-hoc un quasi sertissage du projectile. J’ai réglé le problème du shell holder en le remplaçant par celui du 44 magnum. Simple et peu onéreux !

Les outils manuels sont présents depuis de nombreuses années sur le marché, en premier lieu car ce sont historiquement les premiers à avoir été développés pour un usage civil ou militaire. Souvent présentés sous forme de pinces, d’autres configurations sont matricielles, tel les JO LEE manuels proposés dans de nombreux calibres depuis des décennies. Pour le 11mm73, plusieurs modèles ont été proposés ces vingt dernières années, les principaux étant ceux de SPALEK ou du HUSSARD. Ces outils ont le mérite d’être économiques, mais ne permettent pas une réelle exploitation de la cartouche, les amplitudes de réglages étant limitées. Ils conviennent en priorité aux tireurs occasionnels ne recherchant pas les performances. Un nouvel outil est diffusé depuis quelques années et connaît une renommée  méritée. Conçu et distribué par H&C Collection, il reprend en partie l’organisation du JO manuel LEE et est particulièrement efficace pour le sertissage des projectiles. Il est disponible sous forme de kit, composé de tous les composants nécessaires à confectionner la munition (hormis la poudre). Simple et bien conçu, il est particulièrement destiné aux tireurs occasionnels ou au collectionneur voulant faire revivre son arme. En parallèle du jeux d’outils LEE, un kit H&C illustre cet essai.

L’outil H&C est à la fois complet et fonctionnel. Extrêmement simple, il est abordable pour des novices ou des rechargeurs occasionnels.

Ma vision du rechargement, quel que soit le calibre, est relativement simple. Cette pratique doit apporter un plaisir, puisqu’elle est en général la condition sine qua none de notre activité de tireur. Elle doit cependant rester suffisamment simple et productive, pour assurer un réel confort et ne pas devenir une activité contraignante. Mon optique a donc été de trouver les solutions les plus simples et les plus efficaces pour mettre au point une cartouche fiable et précise. Trop de possesseurs de 1873 ou 1874, évoquent encore aujourd’hui la réelle difficulté de rechargement, or il n’en est rien !

Dans le cadre de cet essai, j’ai utilisé des composants « maison » à savoir des étuis modifiés à partir de douilles de 44 magnum, mais également des douilles provenance H&C Collection. Les projectiles sont de trois provenances, BALLEUROPE, H&C Collection et LYNX.

Ma vision du rechargement, quel que soit le calibre, est relativement simple

J’ai rechargé les différentes cartouches à la fois à l’aide de matrices classiques de marque LEE, puis d’un jeu d’outils manuel H&C Collection. Un des objectifs a été de démontrer l’inter-compatibilité des  différents composants en mixant les ogives et les douilles dans les différents outils.

Pour les essais je n’ai retenu qu’une seule poudre, la A1 de la SNPE. En effet rechargeant depuis plusieurs années ce calibre, c’est cette dernière qui à mon sens est la plus flexible. Certains tireurs utilisent la BA10, autrement plus vive. Dans ce type d’arme historique, les risques liés à ce type de poudre m’incitent à l’exclure. La première justification des tireurs n’utilisant pas la poudre A1 concerne les résidus d’imbrulés relativement nombreux. Il est nécessaire de rappeler à ce propos qu’il est important de peser une charge, mais que le rapport volumique et la montée en pression dans l’étui sont également des  facteurs importants. La A1 est une poudre qui demande une densité importante de chargement, à la différence de la BA10. Les douilles modifiées de 44 magnum ont une capacité volumique (voir le tableau concernant les relevés techniques) inférieure de 20% à la plupart des douilles du commerce.  Associées à un projectile correctement positionné, cette association assure une combustion propre, complète et régulière des charges.

Les charges employées dans l’essai dépendent de la douille utilisée. Pour les étuis sur base de 44 magnum, 0,22gr de A1 ont été utilisé. Pour les douilles H&C dont la capacité volumique est plus importante, j’ai utilisé 0,26gr de A1.

La A1 nécessite une densité de chargement importante. A gauche, douille de 44mag avec 0,22gr, à droite douille H&C avec 0,26gr.

Les outils LEE se présentent de façon traditionnelle, composés des trois dies classiques pour des calibres d’armes de poings. Pour les rechargeurs non familiers de la marque, il convient de préciser que LEE assure une très bonne qualité, mais évite tout superflu. Ainsi toutes les pièces n’étant pas soumises à une contrainte particulière sont en plastique ou en aluminium. Si cela peu rassurer certains, je possède des outils de cette marque qui ont plusieurs dizaines de milliers de rechargement, et ne présentant aucun signe de faiblesse.

Pour le calibre qui nous concerne, le jeux d’outils comprend un recalibreur avec tige d’extraction d’amorce, un expandeur et un sertisseur. L’expandeur peut être remisé, en effet il ne présente aucun intérêt, puisque les ogives destinées à notre arme ont une base rétreinte devant évaser la douille progressivement.  Personnellement, sur ce calibre je ne recalibre pas les douilles, afin d’une part de les économiser et surtout d’assurer un chambrage au plus serré dans les chambre du barillet. J’assure l’extraction des amorces usagées avec un désamorçeur universel.

Le réglage de l’outil sertisseur est délicat et doit être progressif, un enfoncement excessif détériore l’ogive.

En premier lieu, je démonte la tige du désamorceur afin de réserver cette matrice au futur sertissage de la munition. L’amorçage de type large pistol est assuré soit à la presse, soit à l’aide d’une pince à amorcer. Une fois la douille prête, poudre en place, deux étapes vont clôturer le rechargement : la mise en place de l’ogive, puis le « sertissage » de la munition avec l’outil recalibreur. Quel que soit le type de projectile ou de douille, l’effet recherché est identique. Comme évoqué précédemment,  la balle est au diamètre de la douille, donc tout sertissage classique est impossible. Les projectiles disponibles sur le marché ou coulés possèdent donc un rétreint à leur base, plus ou moins prononcé, permettant dans un premier temps de siéger le projectile dans la douille, puis d’écarter les lèvres de cette dernière à la manière d’un expandeur. La cartouche en l’état ne peut être chambrée. Cette déformation volontaire après siégeage dépend de l’épaisseur des douilles mais également du diamètre des rétreints de la balle (voir tableau sur les caractéristiques des composants). Le réglage du positionneur d’ogive est on ne peut plus simple, il devra cependant être modifié à chaque changement de type de projectiles ou de douilles. Cette étape doit permettre de siéger la balle sur la douille, pour ce faire l’intégralité du rétreint doit être inséré dans la douille, les lèvres de cette dernière venant directement au contact de la partie cylindrique au diamètre des rayures. Cette étape doit être réalisée avec une attention particulière, afin de ne pas endommager la balle et permettre sa rétention dans la douille, elle doit être parfaitement alignée au moment du siégeage.

L’étape suivante doit consister à renforcer la rétention du projectile dans la douille en refermant les lèvres sur le projectile. Le recalibreur va permettre cette opération avec un réglage extrêmement simple. La munition en position sur le shell holder, mettre le bélier de la presse en position haute. Visser ensuite le recalibreur sur la presse (tige de désarmocage déposée) jusqu’au contact de la munition. Une fois en butée, abaisser le levier de la presse et redescendre l’outil de 1 à 2mm. Ce réglage va permettre de resserrer les lèvres de la douille sur le projectile et d’assurer dès lors une meilleure rétention assurant une bonne inflammation de la poudre et une précision satisfaisante. Attention, si la munition est introduite trop profondément dans le recalibreur, le retreint de la balle va être irrémédiablement déformé et le projectile se désolidarisera de la douille, il convient donc de procéder par étapes et de régler progressivement l’outil.

De gauche à droite, le couple étui de 44 magnum et ogive BALLEUROPE , douille et balle H&C. Les trois étapes du positionnement du projectile sont illustrées. Mise en place de l’ogive, enfoncement complet du rétreint, puis fermeture de la douille sur la partie haute de ce dernier.

Hormis le positionnement du projectile et l’utilisation du recalibreur en fin de rechargement, les opérations de rechargement sont classiques. Les douilles H&C sont relativement flexibles à l’usage, leur épaisseur assure une rétention suffisante du projectile sans forcer. Tous les types de projectiles peuvent être monté sur ces douilles, avec un rendement intéressant.

L’autre alternative de rechargement est proposée sous forme de kit manuel par la société H&C Collection

Les douilles sur base de 44 magnum sont aussi simple à recharger, leur capacité volumique inférieure permet un meilleur rendement avec une charge de poudre inférieure. Les douilles étant plus épaisses, la rétention du projectile est réellement importante et constante, néanmoins, seuls les projectiles BALLEUROPE peuvent être correctement montés. Les balles H&C ont un diamètre de rétreint trop important et déforment la douille, les balles Lynx ne présentent pas un rétreint suffisamment pour évaser la  douille au siégeage. Il convient pour l’utilisation de ces douilles, de se munir du shell holder ad-hoc en 44 magnum, afin d’assurer une prise correcte et un bon guidage de la douille dans les outils.

L’autre alternative de rechargement est proposée sous forme de kit manuel par la société H&C Collection. Cette société dynamique doit être connue par la majorité des tireurs collectionneurs, elle communique en effet régulièrement par voie de presse ou sur les différentes bourses ou salons. Le catalogue des calibres anciens disponibles est important et varié, la méthodologie repose toujours sur un système de mandrins servant à constituer une munition sans avoir recours à une presse ou autre équipement moderne de rechargement.

Tableau de synthèse des éléments de rechargement illustrant l’essai.

Dans ma jeunesse, j’avais utilisé quelques jeux d’outils manuels, notamment en 11mm73. Je dois avouer que je n’ai pas que d’excellents souvenirs, lenteur de rechargement, réglages aléatoires ou impossibles, problèmes de compatibilité des composants, bref j’ai rapidement relégué le tout dans un coin de mon atelier. Il faut quand même avouer que ces kits avaient le mérite d’exister, faute de grive on mange du merle dit-on…

L’outils mis à ma disposition par H&C est relativement pertinent, il reprend en effet beaucoup d’éléments du célèbre outil manuel LEE. Présenté dans un coffret en bois compartimenté, il est complet. Il comporte en effet l’outil de rechargement, mais également des ogives, des douilles et des amorces. Le tireur ou collectionneur possède donc immédiatement les premiers éléments de rechargement, ne lui reste que la poudre à fournir en fonction de son choix (PN ou PSF).

L’achat pour quelques euros d’une pince à amorcer me semble un bon investissement

L’outil se compose d’un mandrin à deux entrées, la première faisant office de recalibreur, la seconde de positionneur sertisseur. Une base est également adjointe au mandrin, afin de supporter la douille pendant les opérations d’amorçage désamorçage, de sertissage, etc. Le positionneur d’ogive est facilement réglable par un écrou, bloqué lui même par un contre écrou. Une tige de désamorçage et une tige d’extraction de douille complètent cet outillage. La fabrication est irréprochable, l’acier est de qualité et ne présente visuellement aucun défaut esthétique, c’est beau…. Presque chirurgical !

Avant toute utilisation, le fabricant met à notre disposition un mode d’emploi. Il est simple, factuel et bien illustré, bref après lecture il ne reste que peu de questions sur le mode opératoire. Après acquisition d’un beau et fort maillet en caoutchouc, j’ai donc entamé mes premiers chargements. Je n’ai perçu aucune difficulté dans les réglages ou dans l’utilisation des différentes parties de cet outils. Le couple douille et balle H&C est particulièrement efficace, le rétreint de la balle correspondant parfaitement à l’élasticité et à l’épaisseur de la douille. J’ai également positionné d’autres projectiles sur ces douilles, sans aucune difficulté, confortant la grande polyvalence des éléments. Le sertissage reprend le même principe évoqué précédemment, le réglage est simplissime, 4 rondelles d’acier introduites dans la base de l’outil viennent surélever la munition qui dès lors s’enfonce plus dans le sertisseur. Simple et infaillible… Le seul bémol, il y en a toujours un la perfection n’étant pas de ce monde, concerne l’amorçage. Le fait d’enfoncer les amorces dans la douille à l’aide d’un maillet n’est pas forcement aisé au début et je dois dire me laisse perplexe. L’achat pour quelques euros d’une pince à amorcer me semble un bon investissement.

Les éléments de visée sont typique de la fin du 19ème siècle et demandent un peu de pratique. Le guidon perlé doit venir prendre position dans la hausse en demi lune. La luminosité ambiante est un facteur essentiel pour la précision.

Encore une fois, les douilles modifiées depuis le 44 magnum se sont encore différenciées, elles sont en effet trop épaisses et trop rigides pour pouvoir être utilisées dans ce type d’outillage. Pour les personnes vivant en appartement, mieux vaut avoir des voisins  conciliants, car les opérations sont relativement bruyantes… J’ai été surpris essentiellement par deux points : d’une part la fiabilité et la simplicité de fonctionnement, mais surtout par la rapidité de rechargement presque similaire à un jeu d’outils matriciels classique. Ce kit montre toute sa pertinence pour des personnes non équipées en presse de rechargement ou rechargeur occasionnel de ce calibre. Pour ma part, mes 1873 me suivent généralement en congés d’été et ce kit va m’assurer une plus grande autonomie en munitions, pouvant à demeure recharger sur place !

Les essais en stand ont été effectués à la distance de 20 mètres, en extérieur. En effet la visée du revolver 1873 est caractéristique de la fin du 19ème siècle, avec un guidon perlé et un cran de mire demi lune. Cette prise de visée nécessite une certaine adaptation, mais surtout un éclairage suffisant pour assurer une constance dans les prise de visée.

L’équilibre de l’arme est réellement bon, son poids lui confère une bonne stabilité. De bonnes conditions de luminosité sont indispensables pour obtenir de bons résultats. Le recul n’est pas violent, progressif et très agréable il est facilement maîtrisable.

Notre revolver est parfaitement équilibré, sa masse est de 1133gr. La position sur la main est relativement haute, la crosse étroite permet une bonne prise en main. Le barillet n’étant pas basculant, l’alimentation s’effectue via la portière latérale. Le barillet est débrayé lorsque le chien est au cran de demi armé, le chargement ne pose aucun problème et s’effectue rapidement. Pour les opérations d’extraction d’étuis, une tige est à demeure sur l’arme et assure parfaitement cette fonction.

La prise de visée est calée sur le 6 de la C50 à 6 heures, la mise du chien à l’armé requiert une certaine force, les ressorts sont pour le moins vigoureux. Le départ est dur, mais franc et extrêmement régulier, le recul est sec mais agréable. Afin d’apprécier au mieux le potentiel de l’arme, nous avons bloqué cette dernière sur un sac de sable, les résultats parlent d’eux mêmes avec un magnifique 58 sur 60 …

Avec la méthode illustrée plus haut, en veillant à optimiser la capacité volumique et la rétention du projectile, les résidus d’imbrulés sont peu nombreux. Ils n’empêchent en aucun cas le tir de plusieurs barillet sans nettoyage et n’altèrent pas la précision.

Les deux meilleurs groupements réalisés à 20m arme reposant sur appui. En haut, munition sur base d’étui de 44 magnum, 0,22gr de A1 et ogive BALLEUROPE. En bas, composants H&C 0,26gr de A1. La prise de visée s’effectuant à 6h dans le 6 de la C50.

Aujourd’hui je pense qu’il n’y a plus aucun frein au rechargement du 11mm73, l’évolution des composants disponibles sur le marché et les alternatives de rechargement offrent un large panel aux tireurs.  Ce couple arme munition est particulièrement attachant. En premier lieu l’arme est en 8ème catégorie, donc disponible sans aucune formalité administrative, sa munition est très précise, économique à la fabrication et très polyvalente pour le tir sur cible ou sur gong métallique.

Si certains tireurs considèrent que cette munition est particulièrement difficile à recharger, j’espère avoir pu leur démontrer le contraire et les inciter à sortir les revolvers de leurs  étuis jambon.

Tir de riposte en double action à 7m. 5 impacts dans la zone centrale et un hors zone dans le chapeau… La pertinence de notre arme et de ses munitions n’est plus à faire

Remerciements :

- Philippe VIAL gérant de H&C Collection www.hc-collection.com
- Johannes COUTURIER Le HUSSARD        www.lehussard.eu
- Yoanne MARTIN et François GRANDJANIN pour leur aide technique.
- Yves ETIEVANT, pour la mise à disposition des photos concernant le 11mm système Galant

Sources :

- www.armesfrancaises.free.fr
- Mr Patrick FORET  www.armeetpassion.com
- Armes à feu françaises modèles réglementaires 1833 – 1918 par Jean Boudriot.
- Le Guide Pratique des Armes Françaises, Crépin-Leblond Editions, Jean Huon et Jean Claude Schlinger.

Revolvers, Tutoriaux

A propos de l'auteur

picantin60@yahoo.fr

78 Réponses to “Rechargement et Essai du 11mm73”

  1. Mercier Jean François dit:

    Monsieur,

    Hésitant depuis fort longtemps sur le rechargement du 73
    vous me redonnez l’ envie, aussi avec vos conseils vais je
    me lancer dans cette expérience.
    Avec mes remerciements.
    J F M

  2. picantin dit:

    Bonsoir, Je ne peux que vous encourager dans cette démarche!

    • LECORCHE H dit:

      bonsoir ;je viens d’essayer votre rechargement de la cartouche de 73 :avec les elements que vous cité ;je debute dans ce calibre et franchement j’en suis tres satisfait ;mais je constate un petit probleme d’imbrulé et je ne vois pas comment y remedier
      si vous pouviez me donner une info ce serais simpa de votre part
      merci de votre reponse
      tres sportivement
      H .LECO

  3. Bof laurent dit:

    Bonjour,
    J ai lu avec attention votre article,connaîtriez vous un Particulier qui puisse me vendre des munitions efficaces pour un 73?
    Remerciements anticipés
    Mon mail bofclub74@ wanadoo.fr
    Nb j ai vu une photo d un model 1873, sur un article du forum de corsica arme,avec un barillet de taille de 1873 de même calibre mais une carcasse beaucoup plus petite avec détente repliable.pouvez. Vous me préciser de quel model il s agit ?et où je pourrais en acheter un en parfait état?
    Remerciements anticipes

  4. yung eddie dit:

    Bonsoir
    je tire depuis peu avec des douilles paris sport trouvées neuves sur Naturabuys et de lire sur les forums que pour tirer avec de la poudre A1 il fallait mettre une bourre de feutre entre la poudre ( 0,22 g) et l’ogive pour bien caler .
    Mais quel est l’épaisseur du feutre et ou en trouver .
    Merci de me répondre

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